Je cours aussi vite que mes poumons asthmatiques me le permettent, au milieu de la cohue. Mon ami et moi nous tenons la main pour qu�on ne se perde pas de vue, mais je suis un peu � la tra�ne. Il tient une bien meilleure forme que moi, et il serait s�rement d�j� loin des lacrymos si je ne le ralentissais pas.

Un groupe de flics anti-�meute se rapproche et je l�che la main de mon ami, pour qu�au moins l�un de nous puisse s��chapper. Il file vers une rue adjacente. Je suis petite, et seule maintenant, les flics me remarquent beaucoup moins. Je l�ve les mains, signe que je me rends, et laisse les flics me pousser l� o� ils nous m�nent touTEs - �meutierEs v�tuEs de noir tout autant que manifestantEs "conventionnelLEs" -, au bout d�une impasse.

Pour mettre en pratique massivement notre contestation d�un monde que nous refusons dans sa totalit� (le monde de toutes les dominations, de toutes les oppressions, de toutes les exploitations).

Nous nous sommes attaqu�Es � ce qui faisait partie int�grante de la bonne marche des dominations �tatiques, capitalistes et patriarcales : banques, agences immobili�res, concessionnaires automobiles, stations essence, agences de voyages, panneaux publicitaires (en particulier, mais pas seulement, ceux utilisant le corps des femmes comme des vecteurs de marchandisation), etc.

Nous avons ici et l� emp�ch� la police de prendre le dessus sur les manifestantEs, de fa�on � ce que les rues soient n�tres, soient celles de la subversion, le plus longtemps possible au cours de ces journ�es.

Nous parlons au nom d�une partie du black bloc. Nous ne voulons pas nous soumettre en vain � la politique des puissants. Nous sommes venu-e-s pour entrer de fa�on militante dans la zone rouge et stopper la r�union du G8.

Hier, la police a agi brutalement contre les manifestant-e-s. Des manifestant-e-s ont �t� frapp�-e-s, attaqu�-e-s avec des lacrymos et des balles, emprisonn�-e-s et tortur�-e-s. La brutalit� de la police a atteint son sommet avec le meurtre d�un manifestant.

Pour l�opinion publique, le black bloc a �t� rendu responsable de toute cette violence. Jour apr�s jour, l�ordre du monde capitaliste produit diverses sortes de violence. Pauvret�, faim, expulsions, exclusion, la mort de millions de personnes et la destruction d�espaces vivants font partie de sa politique.

C�est exactement ce que nous rejetons.

La casse de vitrines de banques et de multinationales sont des actions symboliques. N�anmoins, nous ne sommes pas d�accord avec la destruction et le pillage de petits magasins et de petites voitures. Ce n�est pas dans nos pratiques.

Cependant, nous ne nous laisserons pas diviser. Diviser la r�sistance est le moyen habituel pour l�affaiblir. Nous appr�cions les critiques constructives et comptons sur elles.

Nous sommes en col�re et tristes au sujet de la mort de Carlo Giuliani. Transformons notre chagrin et notre col�re en r�sistance.

Si des vitrines tremblent, vous pleurez, mais vous restez silencieux quand des gens meurent. L�histoire ne s�ach�ve jamais.

Vive la r�volution !

G�nes, 21 juillet 2001,

(Traduit de l�anglais par Zanzara ath�e)