| Qu'est-ce que l'Anarcho-Communisme?
L'anarcho-communisme associe deux termes dont l'un, anarchisme, définit le mouvement libertaire qui veut la liberté politique (mandatement impératif, autogestion, fédéralisme, démocratie directe) et l'autre, communisme, qui de l'adage « À chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités »
veut la liberté économique en partant du besoin des individus (par
recensement par communes, par quartier, par entreprises et par
différents autres moyens fédérés), pour ensuite organiser la production
afin de répondre aux besoins recensés ou estimés, et cela sans
limitation autre que les capacités et les besoins des intéressés (qui
ont eux même des besoins et des capacités à partager).
Il n'y a donc pas de centralisme économique ou politique (comme dans
le collectivisme marxiste), car la forme de l'organisation est libre
(associationnisme, fédéralisme...) et elle ne dépasse pas la volonté
des individus (car possibilité de révocation des mandatés).
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| Qu'elle est l'histoire de l'Anarcho-communisme?
Le courant libertaire est une entité à part entière.
Le mouvement anarchiste est depuis ses origines associé au mouvement socialiste (Joseph Déjacque, Charles Fourier, Proudhon, Victor Considérant, Bakounine, Cœurderoy...).
L'adage du socialisme était « l'administration des choses », et
l'abolition de l'administration des hommes (soit de l'État) en était sa
conséquence.
Une organisation, l'Association internationale des travailleurs
(AIT), essaya de définir dans ces principes de base les principes de
l'administration des choses. Cependant, de nombreuses divergences
existaient au sein de l'AIT. Les "mutuellistes" s'inspiraient de Proudhon, les collectivistes s'inspiraient de Michel Bakounine et les communistes s'inspiraient notamment de Karl Marx.
Bientôt, deux moyens différents pour arriver à l'application de ces
principes étaient discutés au sein de l'Internationale. L'une
envisageait de mener une lutte sur le terrain politique (y compris avec
participation aux élections) au service de la classe ouvrière, comme
moyen transitoire, l'autre passait outre et ne prônait que l'autonomie ouvrière comme seul moyen d'émancipation. Au congrès de La Haye de 1872, trois anarchistes furent exclus de la première Internationale par vote du congrès, ce qui fut malgré elle un suicide de l'AIT, déjà affaiblie : la scission qui suivit fut très importante.
Les libertaires tels que Bakounine et Proudhon , bien qu'en désaccord
sur de nombreux points, souhaitaient l'abolition stricte de l'hégémonie
étatique. Ils considéraient en outre que toute domination, qu'elle soit
au niveau parlementaire, ou bien même industrielle (patrons, chefs,
etc.) ne pouvait pas ne serait-ce que participer au bonheur des hommes.
La base de la décision doit se faire à l'échelle du peuple, seul entité
décisive possible. Les libertaires exècrent la représentativité
parlementaire, comptée comme élite profiteuse et avare.
À partir de ce moment là, le mouvement anarchiste s'est transformé
et différentes tendances ont continué à se développer en son sein, les
unes plus ou moins complémentaires avec les autres. Il y eut les
collectivistes (bakouninistes), les individualistes (stirneriens...), les syndicalistes (Pouget...) et les communistes (Malatesta...) et peut-être d'autres tendances...
Le communisme anarchiste fut proclamé pour la première fois à la Fédération italienne de l'AIT (anti-autoritaire de St-imier créée en 1872) au congrès de Florence de 1876 par Costa, Errico Malatesta , Carlo Cafiero et Covelli. Ce positionnement fut pris en opposition au collectivisme qui était la position officielle de l'AIT anti-autoritaire (avec l'influence de Bakounine ) de cette époque.
Le choix du communisme plutôt que le collectivisme est vite apparu
dans le mouvement anarchiste à cause de la crainte qu'un centralisme
économique pouvait être amené par la théorie collectiviste (dont le
défenseur était Michel Bakounine)…
En effet, cette théorie proposait de quantifier la valeur du travail,
et ceci selon le temps ou la tâche effectuée. Cela impliquait qu'il y
ait un centralisme économique qui définisse cette valeur (en monnaie ou
en bons de consommation), et donc des personnes spécialisées dans
l'estimation de la valeur du travail ; théoriquement et pratiquement,
cela aurait été évidemment inacceptable pour les anarchistes, car il
n'est pas possible et souhaitable de définir une valeur à l'activité
humaine. La théorie communiste anarchiste balaya toutes ces contraintes
ou manquements associés au collectivisme libertaire,
et le communisme devint pour une bonne part des anarchistes le
successeur du collectivisme dans de nombreuses contrées. Les Espagnols
garderont longtemps le collectivisme comme base économique envisagée,
et ceci jusqu'au début des années trente, où ils considérèrent alors le
communisme libertaire comme but.
Des réflexions et des questions autour des modes d'organisations, tel le syndicalisme révolutionnaire au début du XXe siècle, et aussi dans les années 1920 à la suite de la révolution russe, tels le plateformisme,
apparurent au sein du mouvement anarcho-communiste. Beaucoup
d'anarchistes communistes (dont Malatesta , Cafiero, Faure , Berneri,
...) répondirent négativement au plateformisme (pour ses insuffisances
théoriques pouvant permettre à un autoritarisme de s'installer au sein
de son organisation) ou au syndicalisme révolutionnaire (qui pouvait
mener autre part qu'à l'anarchie).
Depuis la révolution russe, où les bolchéviques se sont appropriés
le mot « communisme », bien qu'ils n'aient pratiqué que le
collectivisme d'État (voire du capitalisme d'État), le mot « communisme »
est associé à ces groupements d'État (ce qui est pourtant un non sens,
puisque le communisme est un mode d'organisation sans État). Pourtant
l'histoire du mouvement communiste est beaucoup plus ancienne et plus
riche que le collectivisme d'État, et a existé bien avant Marx et les marxistes.
Dans les années 1960-70, Daniel Guérin a tenté l'élaboration d'un courant qualifié de « marxiste libertaire », cherchant à faire la synthèse entre anarchisme et marxisme.
Il s'agissait pour l'anarchisme de se réapproprier la conception
matérialiste de l'Histoire, et pour le marxisme majoritaire de se
débarrasser de visées étatistes et autoritaires.
Si le terme n'a plus cours aujourd'hui, ce concept a eu le mérite de mettre en lumière les points de convergence du « marxisme » et de l'anarchisme, notamment sur la question de l'analyse économique et sociale.
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| Qu'elles sont les expériences réalisés anarcho-communiste?
L'anarchisme communiste se développa dans divers organisations et pays.
Il y eut des expériences de communisme anarchiste en Ukraine
dans divers cantons ou villages qui furent cependant trop courtes pour
que l'on puisse retirer un enseignement de cette période, cependant il
reste des écrits de Makhno au sujet de Goulai Polié et de ses environs, quant à son organisation. Ce mouvement a donné le nom célèbre de la « Makhnovtchina », représentant d'une part la volonté d'indépendance de l'Ukraine en 1917-1920, sous le joug des Bolchéviques.
L’expérience la plus importante qui ait existé du communisme anarchiste mis en pratique a eu lieu en Espagne durant la période révolutionnaire allant de 1936 à 1938. Dès le 18 juillet,
jour de l'insurrection, une collectivisation des terres et des usines
se fit dans quasiment toute l'Espagne « républicaine » avec plus ou
moins d'intensité selon les régions et selon la force ouvrière et
paysanne présente et influencé par les anarchistes. Dans certaines
parties les communes ou collectivités vivaient selon le communisme
anarchiste, dans d'autres parties le collectivisme libertaire.
L'expérience espagnole est controversée dans la mesure où certains
mettent en avant le vécu démocratique et populaire, tandis que d'autres
soulignent que les idées anarchistes n'ont pas permis d'organiser la
victoire contre le soulèvement fasciste.
Il a été également mis en expérience une forme peu connue
d'économie, ce fut l'abolition de la monnaie. Ayant été mise à l'essai
sur certaines sections fédérales, il a été reconnu que cet essai fut
non seulement un succès, mais il a réjouit le peuple ayant participé à
cette action. L’arrivée de Franco au pouvoir a été une vague frappant
les collectivités libertaires : tout a été aboli et réprimé.
Il y a enfin l'expérience des sociétés primitives qui, aux quatre
coins du monde (Amériques, Afrique, Asie, Polynésie), ont perduré sous
ce mode d'organisation durant des millénaires. Voir à ce sujet le livre
de Marshall Sahlins, Âge de pierre, âge d'abondance ainsi que celui de Pierre Clastres, La Société contre l'État,
sans oublier les nombreux exemples qui attestent aujourd'hui du bon
fonctionnement du mode libertaire : autogestion en Argentine,
collectivités libertaires sous le temps des Soviets, des exemples sont
apparus en France. Ces systèmes d'organisation mettent en valeur la
satisfaction du besoin de chacun, et non le surplus et le bénéfice de
quelques uns au détriment de tous.
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